On ne peut comprendre Pirandello qu'en se reportant à ses origines siciliennes. Les Siciliens de Pirandello ne sont pas moins impulsifs que ceux de "Cavalleria Rusticana" mais cette soudainetÊ qu'ils apportent dans l'action, ils l'apportent aussi dans la pensÊe. Ils pensent aussi vite qu'ils agissent, ils sentent aussi vite qu'ils pensent.
On les voit passer instantanÊment du rire aux larmes, de la colère à la pitiÊ et à l'attendrissement, de la fureur à l'ironie. Toutes les nouvelles rassemblÊes dans ce recueil tÊmoignent de ce souci et de ce don. Elles dÊvoilent aussi une Île hantÊe par les rÊcits entendus dans son enfance à Agrigente, tout le paganisme foncier des fils de la Grande-Grèce, leur besoin d'union avec la nature, leur joie de vivre et de railler.
Mais parler de rÊgionalisme serait cependant une erreur. Si on trouve bien dans ces nouvelles, à travers la variÊtÊ des images et du ton, la culture, les coutumes et la sensation charnelle de la "Vieille Sicile", on observe aussi la prÊsence d'une nature immortelle qui n'Êpuise jamais ses rÊserves de vie, et la dramaturgie qui s'est ÊdifiÊe à la suite s'ouvre à la partie divine du personnage et à la consolation spirituelle.