Autrefois publiées sous la forme des notes préparatoires, les treize séances paraissent ici sur la base d’une transcription des enregistrements. On retrouve ainsi l’une des dimensions décisives de la parole de Barthes telle qu’elle se déployait dans son enseignement : la germination du discours, ses dérives, ses boucles, ses excroissances, et le charme incomparable de la phrase.
C’est dire l’importance de ce cours, où le Neutre trouve une formulation ample, détaillée, ouvertement placée sous le signe du fantasme, du projet, ou de la projection.
« On a défini comme relevant du Neutre toute inflexion qui esquive ou déjoue la structure paradigmatique, oppositionnelle, du sens, et vise par conséquent à la suspension des données conflictuelles du discours. […] On a essayé de faire entendre que le Neutre ne correspondait pas forcément à l'image plate, foncièrement dépréciée qu'en a la Doxa, mais pouvait constituer une valeur forte, active. »
Éric Marty a établi l’édition définitive de ce cours et a assuré un système de notes à la fois sobre et efficace. Sa préface rappelle le contexte de la fin des années 1970 et situe les enjeux les plus actuels du Neutre.
Roland Barthes (1915-1980) a été directeur d’études à l’École pratique des hautes études avant d’occuper en 1977 la chaire de sémiologie littéraire au Collège de France. Il a publié l’essentiel de son œuvre au Seuil, de Mythologies à La Chambre claire en passant par Les Fragments d’un discours amoureux.