Un examinateur superficiel de la guerre europรฉenne, voyant dans les armรฉes et les instruments qu'elles mettent en jeu des combinaisons scientifiques fort savantes, la croirait volontiers gouvernรฉe tout entiรจre par une logique rationnelle trรจs sรปre. Bornรฉe ร l'รฉtude de la technique des batailles, cette constatation serait exacte ; mais en poussant plus loin les investigations, on dรฉcouvre bientรดt que des forces supรฉrieures dirigent les pensรฉes, les sentiments et les actions des combattants. La lutte utilise des armes matรฉrielles. Les vrais conducteurs de ces armes sont des forces psychologiques. Leur pouvoir rรจgne sur les plaines sanglantes ou s'entassent des milliers de morts, serviteurs dociles des puissances qui dominent leurs volontรฉs et que souvent ils ne soupรงonnent pas. Des forces immatรฉrielles sont donc les vraies directrices des combats. Derriรจre chaque canon, chaque baรฏonnette, un oeil suffisamment perspicace dรฉcouvrirait les invisibles maรฎtres qui les font mouvoir.