5 ans en 1940: Témoignage

Je suis née à Paris le 29 janvier 1935 de parents originaires de Wilno en Lituanie.

Ces précisions pour expliquer les raisons pour lesquelles il était important de fuir l’invasion nazie. Âgée de 5 ans en 1940, j’ai conservé des souvenirs vivaces de l’exode. Je me souviens aussi de la vie que nous avons menée pendant la guerre en Dordogne où nous étions réfugiés. Entre cinq et dix ans, on comprend tout et l’on ne relativise rien. C’est ce regard d’enfant que j’ai tenté de restituer en racontant mon expérience dans « 5 ans en 1940 ».

Le déroulement de mon enfance n’est pas étranger à ma production scientifique. Je me suis forgé une mentalité qui me faisait voir le monde autrement que les gens qui m’entouraient. C’est pourquoi, apparemment disparates, les deux livres que je présente sont profondément reliés.

J’ai fait ma carrière en tant que Maître de conférences à l’Université Pierre et Marie Curie. Au préalable, dans mon apprentissage de la physique je m’étais heurté à de nombreuses difficultés que je ne savais pas encore être de nature épistémologique. Mes camarades étudiants retenaient par cœur ce qu’ils ne comprenaient pas, mais je ne parvenais pas à en faire autant ; ma mémoire s’y refusait pour des raisons dévoilées dans mon témoignage. Finalement, j’ai réussi à décrocher les diplômes qui me permettaient de commencer une carrière de physicienne. Je fus pendant quarante ans enseignant-chercheur. Après avoir passé une thèse dans le domaine expérimental, j’ai enfin trouvé ma véritable voie de recherche. Je pouvais me consacrer à des questions qui me taraudaient depuis mes études ; pourquoi est-il si difficile d’apprendre et d’enseigner la physique ? Pourquoi cette matière est-elle aussi ennuyeuse alors que le métier est passionnant ? Et bien, les raisons sont assez évidentes dès que l’on cherche à comparer les processus de création de connaissances et ceux de leur enseignement.

Et c’est ce que je raconte dans « La démarche expérimentale ? Mais c’est très simple ! »